BGPN : le syndrome de l’autruche

Mobilité forcée, conditions de travail dégradées, absences non remplacées et vacances d’emplois, manque de reconnaissance et pannes informatiques à répétition… les CC et CCR sont toujours malmené·es. Et les mesures unilatérales prises au printemps n’ont rien arrangé !

Le problème du syndrome de l’autruche c’est qu’au-delà de la tête cachée, le reste dépasse...
Dès la parution des notes CC/CCR, Sud PTT, comme d’autres organisations syndicales, avait alerté sur le risque de voir les conditions de travail encore se dégrader. Entre mobilité imposée, non prise en compte du temps de trajet hors LHT ou l’absence de délai de prévenance pour les CCR, tout est réuni pour construire le pire. Pour Sud PTT l’essentiel c’est les conditions de travail du personnel de la BGPN. Et contrairement à la direction, on ne va pas faire les autruches.
Rencontre du 3eme type avec la Direction de la BGPN
Selon la Direction de la Branche rencontrée fin septembre, tout va bien ! « Peu de CCR ont renoncé à leur fonction pour revenir CC (5%) et seul·es 102 sur 2000 agents ont perdu de l’argent en indemnité de déplacement » (perte de 10 à 400 euros !). Pourquoi donc se plaindre et s’alarmer ? « On ne va pas crier avant d’avoir mal » comme nous dirait la direction...
Quant au fait de faire bouger les agents ? « C’est la société qui veut ça, c’est normal et logique ». Ben voyons... On se croirait presque dans le spot publicitaire de 1986 et son fameux “Bougez avec La Poste”. Et puis, histoire d’enfoncer le clou, on sera toutes et tous heureu·ses d’apprendre que « si un CCR ne veut pas aller en zone 3 ou 4 il n’y va pas ! ». On ne manquera pas de passer l’info à toutes les directions locales, certaines semblent l’avoir ratée !
Le fait que personne ne veuille faire ce métier même pas les intérimaires ? « Ce n’est pas un sujet puisque notre souhait est de réduire les intérimaires » (ou comment répondre à côté). En plus si on réduit les intérimaires sans embauche qui va combler les trous ? Qui va être obligés de bouger ? Eux peut-être ? C’te blague…
Reconnaitre les qualités et spécificités de nos métiers de guichetiers en mettant un grade de base de 3.1 ? Réponse laconique « Vous connaissez les difficultés du groupe ». La direction de la BGPN n’aurait donc pas la même vision que le PDG du Groupe ? Lors de l’annonce des résultats semestriels, Philippe Wahl annonçait que “la branche Grand Public et Numérique montre une dynamique commerciale positive” et un résultat net de 495 millions d’euro ! A priori ça n’est pas encore la banqueroute.
Le réseau est planté ?!
À l’occasion d’une rencontre avec la direction de la branche, comment ne pas revenir sur l’actualité brulante des pannes informatiques récurrentes ? Plantage complet mi-juillet, accès impossible aux fiches client·es ou affichage aléatoires, opérations bancaires impossibles, idem pour les affranchissements... Autant “d’irritants” qui nous permettent d’avoir la joie et le bonheur de nous retrouver face à des client·es et usager·es mécontent·es. Et des agressions et incivilités de plus en nombreuses. Tant et si bien que sur de nombreux Secteurs, ce sont les 2/3 des postier·es qui sont absent·es ! Réponse de la direction : « On comprend ». Plus cinyquement : Eh oui on sait, mais que voulez-vous y faire ? Nous on n’y est pas face à la populace, on s’en fout... C’est pitoyable… À ce stade, on est particulièrement légitimes à crier, parce qu’on a très mal !
Quant aux fusions faites à l’arrache sans aucune concertation avec le personnel, les syndicats, les élu·es des communes concernées : là silence radio, têtes baissées et …rien…
On le voit, sans une mobilisation forte de toutes et tous quotidiennement point de salut.

L’État et La Poste,
allié·es contre le service public
La présence territoriale est dans le viseur. Le 27 septembre, Philippe Wahl a relayé la décision de l’État d’opérer « une coupe budgétaire de 50 millions d’euros sur 160 millions ». C’est donc un tiers du budget alloué au fonctionnement des 6700 bureaux de Poste et 10300 Agences Postales, Relais Poste…) qui pourraient disparaitre. Une nouvelle attaque alors qu’ entre fin 2016 et mi 2024, plus de 2100 bureaux de Poste ont été rayés de la carte. Et avec eux nos emplois... Que ce soit du côté de la direction de La Poste ou de l’État (qui reste l’un des deux actionnaires du groupe), les missions de services publics sont exclusivement prises sous le prisme des profits. Le contrat de présence postale est quant à lui plus préoccupé par les fermetures estivales que les fermetures en zones rurales et dans les quartiers populaires. Ces saignées desservent la population et dégradent les conditions de travail. Elles sont de la responsabilité de choix politiques et de gouvernance. Elles nourrissent la montée des votes pour des parties d’extrême droite. Ces derniers exploitent le sentiment d’abandon et l’instrumentalisent. Le gouvernement Barnier, avec l’annonce des « efforts importants » sur la dépense publique, qui se traduit en coupes budgétaires, assume de faire le lit du RN.
La Poste pourrait être un outil extraordinaire, au service d’une société en pleine crise sociale et écologique, avec une plus grande attention à la demande des usagers avec le souci de satisfaire en premier lieu à l’intérêt général.
Il y a nécessité d’un large débat sur l’avenir du service public postal, dans toutes ses composantes. L’avenir du premier service public de proximité ne peut être laissé aux mains de ses dirigeants, comme s’il s’agissait d’une simple multinationale. 

Vos revendications sont les nôtres, depuis que SUD existe.
◊ La bataille des conditions de travail d’abord. Nous ne voulons plus être en stress ou crevé·es. N’hésitons plus ! Les positions doivent être adaptées à l’humain, et plus l’inverse. Il faut refuser les heures sup’, refuser d’être conciliant, refuser de masquer la réalité de notre quotidien avec des RC sous le manteau et être intransigeant sur nos horaires et conditions de travail. Ne rien laisser passer.
◊ La bataille de l’emploi aussi. Utiliser des intérimaires, CDD, alternant·es, apprenti·es, pour les jeter comme une serviette usagée et les remplacer par d’autres est non seulement coupable, mais en bonne partie illégale. Nous continuerons d’aller jusqu’aux tribunaux si nécessaire. Et puis, lutter contre les réorganisations et la flexibilité c’est sauver des positions de travail, donc des possibilités de CDI pour les précaires.
◊ La bataille des salaires enfin. Dans les CSE, c’est la loi, La Poste devra récolter 50% de signatures de syndicats (contre 30% aujourd’hui) pour valider entre autres ses accords salariaux ou de métiers. Si vous portez Sud haut dans les votes, la direction devra faire avec nous, elle ne pourra plus mépriser nos demandes en se réfugiant derrière ses « partenaires sociaux » habituels. Comptez sur Sud pour qu’aucun euro ne nous échappe. On va se battre, avec vous, pour des hausses de rémunérations dignes de ce nom. Toutefois, le sujet n’est pas que syndical. Il est politique, puisque La Poste appartient à la puissance publique (CDC et l’État). La bataille des salaires se déroule donc aussi dans la rue, en grève et manif.
Si nous ne les contraignons pas, ça sera la misère, comme depuis trop longtemps ! Sans ça ceux d’en haut réfutent nos problèmes.

En tant qu’élu·es dans les CSE, Délégué·es et Représentant·es Syndicaux (DS et RS) et représentant·es de proximité (RPX) nous ne resterons pas enfermé·es dans des salles de réunion avec des dirigeant·es hors sol. Nous consacrerons notre temps, bien que La Poste veuille nous le piquer avec la mise en place des CSE, au terrain, dans les visites, les HIS, à régler vos problèmes individuels et bien sûr à nous organiser collectivement pour résister.SUD est un syndicat de lutte.
Il va être temps de les regrouper, pour frapper fort et mettre un coup d’arrêt à la stratégie patronale de La Poste. Et retrouver cette dignité que des années d’exploitation ont écrasée. On vaut mieux que leurs profits !
SUD est un syndicat de transformation sociale. Nous croyons qu’avec une Poste 100% publique, à but non lucratif, au service de la population, nous retrouverons le sens social de notre travail. Le partage du travail et des richesses demeure la voie d’émancipation pour la société. Récoltons ce que nous semons !

VOS REVENDICATIONS SONT LES NÔTRES, DEPUIS QUE SUD EXISTE !
NOTRE PROGRAMME,
VOUS L’AVEZ SOUS LES YEUX !
NE NOUS LAISSONS PAS VOLER NOTRE VOIX.

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