Bilan social de La Poste : Il faut savoir dire stop !
28/08/2024Le bilan social et le Rapport de Situation Comparée 2023 portent un éclairage cruel sur les carences de La Poste en matière sociale. Emploi, rémunérations, conditions de travail, cette “trinité” est systématiquement dépouillée par une direction qui a choisi la croissance à tout prix au détriment du bien-être des populations et de ses personnels. SUD PTT a toujours lutté sur ces terrains et nous sommes prêts à relever le défi de la mise en place des CSE en novembre prochain pour y porter les voix des collègues et des revendications parfaitement réalisables au vu du statut particulier et des moyens dont dispose La Poste.
Rémunérations : Rattraper le retard, c’est possible !
Coté rémunérations, le compte est loin d’y être avec des augmentations qui ne couvrent pas l’inflation que nous connaissons depuis deux années. Entre des NAO au ras des pâquerettes, le point d’indice qui stagne et l’austérité patronale qui a systématiquement rejeté les primes proposées par Bercy, les postier·es figurent parmi les oublié·es des crises. Le tout avec une augmentation de 13.6% en 2 ans des sommes versées aux entreprises de travail temporaire.
Il faut aller chercher l’argent où il est, remettre en question les dividendes versés à l’état et la CDC, partager au moins un tiers des revenus de La Poste. Il faudra aligner les salaires sur l’index des prix à la consommation et sur les taux d’inflation. On commencera par l’augmentation immédiate du complément de rémunération de 300€ pour rattraper le décrochage de ces dernières années.
L’emploi postal : remonter la pente.
Coté emploi, l’addition est très salée avec une perte de 64 723 personnes permanentes (CDI + fonctionnaires) en moins en 10 ans. C’est le plus gros plan social de la décennie, aggravé par la pandémie qui a servi d’alibi à La Poste pour accélérer l’hémorragie. A noter l’augmentation de 231 cadres sup (classe IV) en 1 an pendant qu’on en perd 5114 en maîtrise et exécution (classe I et II) dont ¼ de licenciements, cherchez l’erreur ! En matière de recrutement c’est la sous-évaluation des charges de travail et le recours à la main d’œuvre précaire qui ne viennent même plus en renfort mais bien en comblement de nombreux départs.
On remplace tous les départs par des emplois pérennes, on arrête la sous-traitance et la précarisation des recrutements qui ont un coût certain. Des mesures qui auront un effet immédiat sur la qualité du service public dans tout le pays, un véritable outil contre la montée de l’extrême droite.
Femmes, santé au travail, en finir avec la honte.
Coté santé et conditions de travail on est aussi loin d’un satisfecit avec un nombre d’accidents et de jours d’absence pour accident par agent qui baisse seulement de 0.1%. A noter : 4 morts au travail en 2023, 1 seul en 2022. La Poste se distingue aussi par une fréquence des accidents du travail bien au-dessus de la moyenne nationale. Dans la même veine, la prise en compte du congé menstruel et hormonal que SUD PTT est seule à demander depuis deux ans est passée à la corbeille sanitaire. Aucune trace dans les “priorités d’action 2024” qui ne sont qu’un long catalogue d’engagements virtuels surfant sur des questions pourtant graves comme les violences faites aux femmes. Un sujet sur lequel SUD a contraint La Poste à prendre des mesures ces dernières années.
Pour SUD, les recrutements pour chaque départ permettront de détendre les organisations du travail « à l’os » et très accidentogènes en plus d’un plan d’action genré contre l’accidentologie et la maladie professionnelle. Au sein des CSE, il faudra rapidement aborder la mise en place d’un système de congés menstruels et en équipant les sanitaires femmes de distributeurs et de lavabos intérieurs. Mais aussi imposer des formations contre le sexisme et les stéréotypes, pour tou·tes en plus de la création d’un service indépendant formé à la prise en charge des victimes de harcèlement et violences sexistes. Et dire que La Poste se vante d’avoir 94/100 à l’index égalité pro ! Une note qui n’est qu’une façade avec seulement 3 femmes dans les 10 plus hautes rémunérations du groupe et une enveloppe ridicule de 0,004% de la masse salariale pour lutter contre les écarts de salaires entre femmes et hommes.
Des activités sociales et culturelles en roue libre
Après 30 années de fonctionnement, les ASC que nous connaissons avec le COGAS, la DNAS et les associations qui en découlent vont disparaître dès novembre 2024. On ne sait absolument pas ce qui va remplacer un système qui a fait ses preuves puisque la direction de La Poste renvoie le sujet à des nouveaux CSE qui n’ont jamais siégé et qui n’auront pas les compétences disparues avec les agents mis à disposition qui les exerçaient.
Dans ce qui s’annonce comme un bazar sans nom, SUD PTT s’attachera à une ligne de conduite limpide et équitable : moins tu gagnes et/ou plus tu as de charges familiales, plus tu bénéficieras d’ASC. Si la structure CSE n’est pas prête nous sommes pour le versement d’un forfait global basé sur le quotient familial des ayant droit.