Si cet email ne s'affiche pas correctement, vous pouvez consulter directement la page

Le billet des élu-es SUD au conseil d’administration du groupe La Poste

  • Contrat de présence territoriale : Moins de service postal !
  • Mandarine un projet stratégique et politique.

Communiqué de la Fédération SUD PTT comptes 2020

- Un budget pour les actionnaires


Vous souhaitez vous abonner à la newsletter des élus SUD au Conseil d’Administration de La Poste Envoyez un courriel

La Poste va basculer dans une nouvelle ère : la Caisse des Dépôts et Consignation deviendra l’actionnaire principale de l’entreprise, la CNP va intégrer les rangs de La Banque Postale. Présenté comme le seul moyen de sauver La Poste, cela sera avant tout un coup de poignard dans le dos du service public et de nos emplois. Cette opération de monopoly achevée se faisant parallèlement à la signature du nouveau contrat de présence territoriale et du futur plan stratégique de l’entreprise.

Contrat de présence territoriale : Moins de service postal !


Le contrat a été une fois de plus rédigé pour faire la part belle aux intérêts des actionnaires avant celui du personnel et des usager·e·s. Si le fonds de péréquation est augmenté... de seulement 2,87 %, dont une partie n’est pas garantie, celui-ci servira avant tout à fermer des bureaux de poste (« transformations » dans la communication de La Poste) avec des conséquences évidentes en termes de perte de lien social, accessibilité aux services.

Suite aux réunions de préparation de ce contrat, les maires avaient signalé les difficultés d’accès aux cash dans les milieux ruraux, difficultés non résolues même en cas de créations d’agences postales communales. Les solutions envisagées par La Poste et l’Etat : l’accès aux espèces chez les commerçants ! Une solution cache-misère quand on connait la désertification des commerces dans les milieux ruraux, mais aussi dans les quartiers populaires. Comme les autres banques, La Banque Postale a une responsabilité dans le maintien de l’accès au cash.
Cela doit pouvoir se faire par la mise en place d’un fonds alimenté par l’ensemble des banques. Ce n’est pas à la collectivité de payer le désengagement des banques dans ces territoires…

Un autre tour de passe-passe pour La Poste consiste à compter comme « point de contact » dans la présence territoriale les points pick-up service — pouvant aussi se situer chez un commerçant, les sites de logistiques urbaines et les espaces nomades, un tour de passe-passe purement mercantile pour augmenter les profits de l’entreprise.

Pour SUD PTT, un « point de contact » doit être un bureau de poste de plein exercice où les usager·e·s accèdent à l’ensemble des services publics postaux et pas la panoplie d’ersatz développée par les actionnaires et l’entreprise. D’ailleurs, la transformation des bureaux de poste ne peut être subordonnée à la décision du seul maire ou de La Poste. Il doit l’être dans tous les cas par le conseil municipal.
Nous réclamons aussi la consultation systématique des organisations syndicales et des usager·e·s et leur présence dans les CDPPT (Commission Départementale Postale de Présence Territoriale).

Des MSAP aux Maisons France Service

La nouveauté de ce contrat c’est la transformation des Maisons de service au public en Maison France Service. Pour l’instant, si l’ensemble des MSAP étaient transformées, La Poste pourvoirait au tiers des MSAP actuels. L’objectif affiché à terme serait d’avoir la même proportion. Cependant, La Poste émet déjà des doutes sur la pertinence de certaines maisons mises en place « sous la pression des maires ». Elle veut remettre en cause l’obligation de positionner deux personnes dans ses Maisons, objectif fixé par le gouvernement. Elle compte demander une dérogation pour ne pas le faire et déjà elle en affirme que pour certaines maisons cela n’aurait pas d’utilité.
Le service public, pour La direction de La Poste c’est OK, mais simplement quand cela est à coût zéro.
Et c’est bien le cœur du problème quand le financement du fond pour chaque maison correspond à un près à 15 euros par jour... donc loin de ce qui serait nécessaire pour maintenir des services publics. On a bien l’impression que l’épisode Gilets Jaunes et les promesses du gouvernement ont été oubliées.

La responsabilité des actionnaires (l’état et la CDC), mais aussi des maires est donc importante dans ce contrat qui va être signé dans le mois qui vient. Nous déplorons également que l’AMF ait accepté autant de concessions qui signent des nouveaux reculs pour le service public. À la veille du changement d’actionnaire majoritaire, c’est un nouveau mauvais signe donné à la population, mais aussi aux postier·e·s.

Mandarine un projet stratégique et politique


Ces deux premiers mois de 2020 verront l’achèvement du projet Mandarine. Loin d’être une opération anodine, elle sera l’acmé de la transformation de l’entreprise mais aussi des métiers de La Poste. C’est aussi une continuation dans la volonté de privatisation du service public postal.
Le projet, lancé depuis un peu plus d’un an, se construit sur deux points qui sous des apparences techniques sont éminemment politiques :
• le passage en minorité de l’actionnaire actuel, l’état au profit de la CDC qui prendrait en partie le contrôle de l’entreprise avec 66% des actions de La Poste
• le passage sous contrôle de La Banque Postale de la Caisse Nationale de Prévoyance (CNP).

Ces deux points en fait sont là pour appuyer la stratégie de l’entreprise et des actionnaires : la transformation profonde de nos métiers. Il s’agit de pouvoir dégager le maximum de profit pour :
• acheter et se développer sur le colis à l’international, mais aussi sur les plateformes de colis sur le territoire métropolitain
• investir dans le numérique, la santé et plus globalement dans les nouveaux services.

Le passage de la CNP va amener mécaniquement, par les résultats dégagés, cette manne financière tant espérée par des dirigeants toujours plus voraces. En effet, les projections de l’entreprise sont assez claires. Ce qui n’empêche pas, parallèlement, la direction d’annoncer le maintien d’un plan d’économie qui atteint les 300 millions d’euros qui touchera principalement les postier·e·s.
De là à en déduire que tout est fait pour gonfler les poches des actionnaires et rien pour les postier·e·s, il n’y a qu’un tout petit pas à faire !

Tout pouvoir à la Caisse des dépôts.

Ce qui est sûr, également, c’est que la mainmise de la Caisse des dépôts sur notre entreprise est de fait entérinée. Elle se pressentait déjà, notamment lors des discussions entre actionnaires sur la valorisation de La Poste : elle a été largement sous-estimé*. Cette toute puissance s’est également révélée par les textes votés par l’assemblée nationale l’année dernière ou la CDC en tant que principal actionnaire va se retrouver hégémonique au Conseil d’administration de La Poste et à l’AG des actionnaires.
Le gouvernement s’est voulu rassurant dans l’optique d’une entreprise qui restera 100% publique. Pourtant, même si l’entreprise reste sous le contrôle du parlement, on peut s’apercevoir que ce dernier n’a pas fait preuve de son amour de l’intérêt général dans les lois votées ces dernières années quel que soit le gouvernement (loi travail, Rebsamen, reforme assurance chômage etc.).

*Notamment quand on connaît le patrimoine immobilier de l’entreprise qui continue à être bradé sans même parler du gouffre financier du projet de La poste du Louvre qui atteint plusieurs centaines de millions d’euros et a explosé les prévisions tout simplement pour bâtir entre autre un hôtel de luxe

Un changement profond pour les postier•e•

Le Président de La Poste ne s’en cache pas, comme les actionnaires d’ailleurs, cette mutation servira à appuyer la transformation de l’entreprise donc des métiers des postier·e·s. Pour exemple, en matière d’investissement pour 2020, suite à l’intégration de la CNP, seul 15% des investissements se feront dans les activités traditionnelles de La Poste, le reste étant dévolus à ce que la direction et les actionnaires considèrent comme l’avenir de l’entreprise (on pourra aussi noter que, dans le cadre du contrat de présence postale, les fonds de péréquation servent essentiellement à la fermeture de bureau par leur transformation en APC ou RPC). Les conséquences en seront évidemment simples. Nos métiers évolueront dans le sens de la stratégie de l’entreprise, toujours plus de bancaire, toujours plus de colis, toujours plus de nouveaux services avec les impacts sur les horaires de travail notamment.

Des néo-libéraux à la tête de La Poste

Cette stratégie a aussi un but politique. Se servir de La Poste pour assurer les missions de service public délaissées petit à petit par le gouvernement et les faire assumer financièrement par les usager·e·s notamment en matière de santé et dépendance. La question du service public postal (dans sa conception traditionnelle) devient, pour la direction, un boulet puisque générant des pertes plutôt que des profits pour l’entreprise. D’où l’idée de tourner les statuts de l’entreprise vers une SA à missions qui couvrirait notamment l’environnement, pour mettre en avant les nouveaux métiers.

Une stratégie au service de qui et de quoi ?

Loin d’être une chance pour l’entreprise, le projet Mandarine va constituer un nouveau cran pour mettre plus de pressions sur les postier·e·s dans l’ensemble des services de l’entreprise et sera la source d’une dégradation de nos conditions de travail.

La direction confirme ce constat en présentant , dans un conseil d’administration de décembre 2019, les grandes lignes d’une stratégie qu’elle voudrait être celle de l’entreprise à l’horizon 2030.

Tout d’abord, signalons que c’est la première fois que la direction envisage un plan stratégique à l’horizon des 10 ans (soit deux fois plus long que d’habitude). Si on pouvait prendre ceci pour une simple anecdote, c’est pourtant un signal pour entamer un profond changement de l’entreprise qui impactera le personnel et le service public dans l’entreprise. Pas anodin non plus, que ce plan stratégique se fasse sous fond de changement d’actionnaire majoritaire.
Pour l’entreprise, il s’agit d’orienter La Poste vers de nouvelles missions reléguant les missions traditionnelles à la portion congrue.

La santé à domicile, l’environnement, l’aménagement du territoire deviennent les principaux sujets de ce conseil d’administration et tout cela en oubliant le personnel. Tout comme pour la présence postale, il s’agit plus de savoir comment les actionnaires vont tirer les marrons du feu que de donner de véritables garanties au personnel et aux usager·e·s de La Poste.

La montée en capital de la CDC et le rattachement de la CNP directement à La Banque Postale vont bouleverser l’entreprise publique et ses missions. La direction se veut rassurante là-dessus, mais le poids des services financiers devient aussi important que celui du colis. Le courrier baissant artificiellement, permettant à la direction d’atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés *(voir ci-dessous).
La financiarisation de l’entreprise et les intentions de la direction n’ont donc jamais été aussi claires. Il s’agit pour elle de désengager La Poste des activités traditionnelles du Courrier et pour cela tous les moyens sont permis. Ce rattachement de la CNP est donc bienvenu pour accélérer le processus et faire de la propagande tout comme la multiplication des achats internationaux dans le colis.

Autre conséquence de Mandarine, l’envolée des résultats qui seront donc artificiellement gonflés cette année en multipliant le résultat d’exploitation par 4 et le résultat net par 2 (après impact des impôts divers).
Les premiers servis seront les actionnaires de l’entreprise puisque les dividendes prévus exploseront de près de 25 % en ne comptant pas ceux versés au titre de la CNP pour 2019… Avec ceux de la CNP, cela représentera une augmentation de plus de 100 % des dividendes versés.

*La direction s’était fixée comme objectif de faire baisser la part du courrier dans le CA de La Poste. L’arrivée de la CNP arrive à point nommé pour remplir ces objectifs.

Cette somme représenterait une prime de quasiment 2100 euros pour les postier·e·s par an. Les élu·e·s de la liste SUD au Conseil d’Administration, comme chaque année, réclament qu’aucun dividende ne soit versé aux actionnaires.
Tout doit être affecté au service public et pour la rémunération des postier·e·s du groupe.

Des économies principalement à la BSCC, surtout au courrier

La direction table pour 2020 sur une baisse du courrier autour de 8 %,notamment du courrier administratif des entreprises, mais une hausse des petits paquets imports de 7 %. Conséquence si le chiffre d’affaires stagne (+0,4 %), le résultat d’exploitation lui dégringole de 21 % avec une croissance organique* en net repli. Le colis (COLISSIMO) continue, quant à lui, sa progression que cela soit en termes de CA (+6 %) et de REX (+11 %).
Si la société fait face à des profonds changements et habitude de consommation, il n’en reste pas moins que les activités historiques pèsent énormément. A la clé, la charge de travail est loin de diminuer notamment avec l’ajout des nouveaux services. 1/3 du plan d’économie de l’entreprise concernera la BSCC et il semble évident que les emplois en seront la première cible.

*La croissance organique est du simplement aux résultats de l’entreprise sans les achats de nouvelles filiales apportant du chiffre d’affaire mécaniquement

En apparence, GEOPOST affiche des chiffres qui pourraient en terme économique être satisfaisants. Cependant, cela cache des réalités un peu plus contrastées. Si la croissance organique des filiales de colis express est en progression, quelques filiales posent question. L’Allemagne continue à stagner dans un environnement compliqué, le Royaume-Uni connaît des difficultés que La Poste a sûrement sous-estimés pour le futur en tablant sur un BREXIT soft.

La Banque Postale confrontée à l’arrivée de la CNP

Le passage de la CNP en filiale de LBP aura un effet : le doublement du PNB (Produit Net Bancaire) de la filiale bancaire de La Poste et un résultat net en hausse de 83 %. Parallèlement à cela, LBP table sur une hausse des crédits à la consommation de 14 % et de l’assurance-vie de 12 %. Ces objectifs élevés auront des répercussions directes sur le personnel avec de fait une augmentation de la pression commerciale sur la ligne commerciale et les chargés de clientèle.

Le Réseau essentiellement tourné vers le commercial… bancaire

Le Réseau continue à être découpé, notamment en diminuant le nombre de bureaux de plein exercice avec une accélération de transformation en milieu urbain. Le plan d’économies touchera aussi de plein fouet le réseau avec près de 20 % enlevé à la branche en 2020, largement au-dessus de ce que pèse cette branche dans le groupe. Le budget 2020 table aussi sur un recul assez important d’un REX négatif (de -13 à -80 millions).

Le numérique continue sa progression

Le numérique continue sa progression même si cela constitue une part négligeable dans le CA et le résultat d’exploitation de l’entreprise, servant surtout pour des opérations de communication tendant à donner une image moderne de l’entreprise. Cela masque une réalité plus contrastée : une augmentation du Chiffre d’affaire à 95 % par les acquisitions et une baisse du REX qui, sans ces mêmes acquisitions, serait en chute libre.

Dans cette branche, le personnel subit de plein fouet des erreurs stratégiques commises depuis des années dans le numérique par La Poste, avec pour conséquences, reclassements et fermetures de sites qui s’enchaînent.

Dans ce vaste projet « Mandarine » où les cartes économiques sont rebattues, nous pourrions avoir un point d’accord avec la direction. L’arrivée de la CNP marque un tournant dans la vie du Groupe. Malheureusement, nous n’en tirons pas les mêmes conclusions. Où la direction ne raisonne que d’un de point de vue économique, nous nous voyons aussi les dégâts sociaux. Suppressions d’emplois, fermetures de bureaux, pressions sur le personnel, arrêts maladie qui explosent (les chiffres pour 2019 sont annoncés comme médiocre. Par exemple dans le service commercial du CF La Source ils ont été multipliés par deux atteignant 11,96 jours par agent par an ! ).

Les données sociales du Groupe sont toujours plus mauvaises et ses résultats ne peuvent que nous alarmer. Pour SUD PTT, la priorité reste évidemment la santé des salarié-es.

Pour nos conditions de travail, le combat pour l’emploi est central et pour les conditions d’accès aux services pour les usagers, il faut sauvegarder et faire vivre le service public !

La fédération Sud PTT est membre de 25/27, rue des Envierges 75020 Paris - Tel : 01 44 62 12 00 - sudptt@sudptt.fr - www.sudptt.org
Cette lettre d’information est hebdomadaire. Vous pouvez vous y inscrire et ainsi vous la recevrez directement. Envoyez un courriel pour recevoir cette newsletter
Si vous souhaitez ne plus y être abonné vous désinscrire.