Contre la vie chère Outre-mer - Par deux fois, des milliers à Paris !

En présence de représentants du RPPRAC présents à Paris, et à l’appel de multiples associations, plusieurs milliers “d’ultramarins” ont participé aux marches des 3 et 10 novembre.

Des cortèges denses, sur le pavé comme sur les trottoirs, aux rythmes des tambours. Des drapeaux et banderoles de la Martinique, la Guadeloupe, de la Kanaky, de la Réunion. Etaient présents des représentants du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro Caribéens), mais aussi du COADEPP (Collectif des ouvrières et des ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides), Lyannaj pou dépolyé Matinik, d’associations comme Ultramarins Doubout, Karayib Rassemblement, le Comité d’organisation du 10 Mai...

Ces marches ont démontré une solidarité évidente et une connaissance du problème des prix “outre-mer” avec une colère évidente contre la politique coloniale menée dans les pays concernés. Que ce soit lors du retour dans leurs pays, la vérité des prix commence dès l’achat du billet d’avion puis par les prix
pratiqués localement avec, entre autres, un lobby qui a la mainmise totale sur l’économie, la distribution et l’import-export.

Un accord, des promesses... et après ?

Mercredi 16 octobre, l’État, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), les élus locaux, les distributeurs, les grossistes, les représentants des socioprofessionnels, le Grand port maritime et le principal transporteur (CMA-CGM) se sont mis d’accord. Mais iI manque un acteur majeur parmi les signataires : les représentants de la population martiniquaise, à part une partie des élus.

Dans l’accord, il y a bien sûr la baisse des prix de 20 % promise sur 6000 produits, la baisse de l’octroi de mer et la suppression de la TVA sur un peu plus de produits. Mais forts de l’expérience des luttes de 2009, tout le monde doute de la pérennité de ces mesures (cf. verso).
Il en est de même d’annonces pour “favoriser l’autonomie alimentaire et soutenir la production locale" avec une expérimentation sur 3 ans pour l’agriculture d’outre-mer (programme POSEI) pour “ favoriser la structuration de la production locale, les circuits courts et des prix modérés pour les produits péyi "
.Aide prévue : 2 millions d’euros en 2025 !

Création promise aussi d’un Marché d’Intérêt Territorial (MIT) au
Lamentin,
"pour favoriser la mise en valeur et l’écoulement de la
production locale" en favorisant les échanges avec les pays de la
CARICOM. Et proposition d’un “moratoire de 10 ans sur la création de
surfaces alimentaires supplémentaires de plus de 1000 m2"
.
Mais à cette étape, la vigilance porte sur deux questions de fond : pour certaines mesures il faut des lois et/ou décrets. Une série de mesures vont demander des fonds, soutiens et investissements publics. C’est au moins le cas pour la création d’un “MIT”, pour les investissements dans l’agriculture... Sauf qu’il est prévu une baisse de 13 % des crédits affectés à l’Outre-mer pour 2025 !

Un ministre “en visite”...

Le ministre, attendu le 11 novembre en Martinique, s’est-il rendu sur place pendant quatre jours pour apporter les garanties réclamées ? Déjà, aucun rendez-vous n’était prévu avec le RPPRAC, venu dimanche soir le réclamer jusqu’à la résidence du Préfet. La réunion organisée à la Préfecture dès l’arrivée du Ministre en présence des signataires de l’accord s’est même tenue à huis-clos !

... et procès en vue pour Rodrigue Petitot !

Pire, entré pacifiquement dans la Préfecture, Rodrigue Petitot a été placé en garde à vue le lendemain avant d’être libéré le 14 novembre. A l’issue d’une comparution immédiate le lendemain, où le ministère public demandait la mise en détention provisoire, le tribunal a ordonné le maintien sous contrôle judiciaire avec un procès fixé au 21 janvier 2025.

Pour leur part, les syndicats CDMT et CGT, qui ont manifesté avec le RPPRAC, réclament que les baisses de prix portent sur tous les produits de première nécessité et que la question des salaires et minima sociaux soit posée ainsi que celle des services publics (la santé en particulier). Le ministre, tout à sa communication officielle et sur fond de répression policière, a vaguement évoqué les “autres territoires Outre-mer”. Mais rien n’a vraiment été annoncé !

Quoi qu’il en soit, SUD-PTT continuera de soutenir les luttes contre toutes ces castes qui étranglent les populations !

En 2009, le préambule de l’accord Jacques Bino en Guadeloupe dénonçait “le modèle de l’économie de plantation”, “les rentes de situation” et “les abus de
,position dominantes” (cf. ci-dessous). Rien n’a changé...

Nos propositions :

- la terre doit être cultivée afin de répondre en priorité aux besoins de la population locale,

- pour ce faire, il faut mettre fin à la monoculture et redistribuer la terre, une terre qui a été usurpée de force aux peuples autochtones,

- la création de réseaux publics (sans actionnaire privé) dans le frêt, la logistique et la distribution locale, réseaux qui doivent échapper aux profiteurs,

- une transparence totale des coûts, des marges, des profits et bénéfices réalisés dans les secteurs de la grande distribution et de l’import-export,

- ouvrir les échanges économiques avec la Caraïbe.

Vie chère, chlordécone... : la question coloniale est toujours en jeu !

Aussi, aucun combat ne doit être délaissé !

À lire également