La lettre d'information de la fédération SUD

Édito : Plan Engage 20-25 : la direction ne convainc toujours pas

La direction continue de le dérouler devant les instances des représentants du personnel et ne nous rassure pas sur son engagement de garantir à tous et toutes sa place au sein du groupe Orange. Ça sent plutôt le plan « Dégage 20-25 ». En effet, si elle prétend construire l’entreprise de demain pour s’adapter à un monde qui change en évoquant le défi des compétences, en promouvant l’attractivité des métiers de demain pour l’opérateur Orange, elle n’annonce ni la fin de la forte décroissance des effectifs que nous observons depuis deux décennies ni la garantie d’une entreprise pour tous et toutes dans leur diversité tant sa vision des compétences qu’elle délivre nous apparaît élitiste. A-t-elle évalué le nombre de salarié-es susceptibles d’atteindre les compétences « à valeur ajoutée » de demain ? Combien de collègues en seront écarté-e-s ? A-t-elle évalué les risques et les précautions à prendre dans le cadre de toutes les réorganisations structurelles qu’elle conduit ? Sur ces points, nous sommes sur les mêmes préoccupations que celles figurant dans les observations générales du médecin rapporteur qui alertent sur les conséquences de ce nouveau plan. « Le plan stratégique Engage 2025 annonce l’intensification des transformations de l’entreprise pour les années à venir, avec, pour perspective, une entreprise profondément remaniée en 2025. Les mots réinventer, accélération, innovation y font écho. L’accompagnement annoncé pour ces transformations est centré majoritairement sur l’évolution des compétences, notamment dans des domaines aussi spécifiques que celui de l’IA. Les médecins expriment des craintes quant aux possibilités pour le plus grand nombre d’acquérir et de mettre en œuvre ces nouvelles compétences, et ce, au-delà de l’aspect générationnel. Cette interrogation peut se doubler d’inquiétudes quant à la disparition de certains métiers ». Les salarié-e-s ont déjà subi l’ancrage territorial en 2019, avec toutes les conséquences qui y sont liées : élargissement des territoires, harmonisation des pratiques entre les DO regroupées souvent difficile, management à distance, trajets multiples, horaires à rallonge, constat de travailler « dans l’urgence constamment ». Différents constats sont réalisés : multiplication des appels auprès de psychiatres conseils, l’hyper-connexion des salarié-es etc. Les plans schémas directeurs de l’immobilier nous vantent les campus où seront concentrés des milliers de salarié-es sur un même lieu sans tenir compte des problématiques spécifiques aux grandes agglomérations (transports chaotiques, circulation intensive, difficultés pour se loger etc.) ni du bien-être au travail. Et que dire des moyens et petits sites que la direction vide pour tout recentrer sur les grandes villes. Les salarié-es n’ont pas d’autres choix que de faire des kilomètres et d’être sur les routes pour aller travailler engendrant stress et fatigue. Et la direction parle de réduire les effets de CO2 ! Et que dire du parcours professionnel quand celui-ci ne mène que vers les centres péri-urbains. Et que dire de celles et ceux qui « rament » depuis de nombreuses années à espérer prétendre enfin à une promotion. Orange tiendra-t-elle compte des erreurs du passé ayant entrainé tant de souffrances et de douleurs ? Nous en doutons ! SUD craint le pire sur le plan humain dans les années à venir au bénéfice du profit économique. Les orientations stratégiques nous laissent présager un avenir sombre pour les clients mais surtout pour les salarié-es. Ce plan nous laisse entrevoir une casse généralisée des métiers et d’un savoir-faire reconnu.

SUD à Orange

Celle-ci « est au cœur des enjeux de l’entreprise » continue d’affirmer la direction. Pourtant, depuis le début de l’année, elle est mise à mal. Avec la crise sanitaire, on ne parle plus que de formation à distance. Or ce n’est pas une panacée et c’est un exercice difficile, tant pour l’animateur que pour les participants, d’autant que les conditions techniques ne sont pas toujours optimums. La formation à distance obéit à des règles d’ingénierie pédagogique plus exigeantes que la formation en présentiel. Ce n’est pas une présentation PowerPoint qui fait une formation, comme ce n’est pas un téléphone qui fait un animateur. Aujourd’hui, la direction se rend compte que la formation à distance coûte finalement plus cher que la formation en présentiel, hors frais de déplacement. Alors pour compenser, il a été demandé aux LDM (Learning Development Managers) d’augmenter le nombre de participants sur les sessions, sans tenir compte des exigences techniques et humaines de l’exercice. Au mépris des formateurs et des participants. Au mépris des règles pédagogiques et de la qualité exigée par ceux-là mêmes qui font cette demande inappropriée dans un but strictement mercantile. Le NPS (Net Promoteur Score) risque fort de s’en ressentir… Si la formation est au cœur des enjeux de l’entreprise, la formation dégradée aussi ?! Une analyse à l’université pointe que le distanciel a mis sur le devant de la scène la nécessité de revaloriser le présentiel en le recentrant sur l’essentiel, avec une attention renouvelée à l’étudiant. http://universites2024.fr/2-reflexions-pertinentes-sur-lhybridation-des-formations/

Le Droit Individuel à la Formation créé en 2004 permettait de cumuler 20 heures par an. Il a été remplacé en 2015 par le Compte Personnel de Formation (CPF) qui a finalement été converti en euros début 2019. Le DIF sera définitivement supprimé en décembre 2020. Pour les salarié·es, les heures non utilisées et non transférées sur le CPF seront perdues... sauf à demander leur conversion avant le 31 décembre 2020 ! SUD vous explique la marche à suivre. http://www.sudptt.org/IMG/pdf/cpf_la_poste_et_orange.pdf

Finance

Paradis fiscaux : optimisations financières d’entreprises toujours aussi sidérantes

Une nouvelle étude permet d’aller plus loin dans la compréhension de ces stratégies, en montrant que l’évitement fiscal se focalise sur un nombre en réalité très restreint de filiales localisées dans les centres offshore. Le niveau d’opacité est incroyable. Quand on additionne les résultats d’exploitation ou les profits des filiales, à quelques règles comptables près, on devrait retrouver le total annoncé par la firme dans ses comptes consolidés. Or, c’est très loin d’être le cas : pour les 100 plus grandes firmes non financières mondialisées, le résultat d’exploitation médian agrégé des filiales ne représente que les deux tiers du total des comptes consolidés, et seulement un tiers pour les profits. Pour Orange, la plupart des activités hors de France sont détenues, non pas directement par la maison-mère française, mais indirectement via des holdings installées à l’étranger. Et l’entreprise doit continuer de procéder ainsi en toute discrétion. Comme quasiment aucune information n’est donnée par l’entreprise, celle-ci laisse place à beaucoup de questions. https://www.alternatives-economiques.fr/paradis-fiscaux-nouvelles-decouvertes-siderantes-strategies-dentr/00094190

Black-mirror

Enfin un livre qui explore la place croissante que prend la notation dans toute une série d’activités. De la notation sociale chinoise aux scores des chauffeurs Über, en passant par le nombre d’étoiles et le commentaire attribués à un restaurant sur TripAdvisor, deux journalistes, décrivent comment, sous une ambition affichée d’améliorer le service rendu, ces notations deviennent un outil de surveillance et d’assujettissement des salariés. https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/nouvelle-guerre-des-etoiles-interview/

Santé

Risque méconnu, c’est le second facteur de risque de cancer du poumon après le tabagisme. S’agissant des lieux de travail, le radon doit être intégré dans l’évaluation des risques professionnels. La réglementation fixe notamment de nouvelles modalités de protection contre l’exposition à des sources naturelles de rayonnements ionisants en abaissant le seuil pour la concentration en radon. http://la-petite-boite-a-outils.org/fiche-n-26le-radon-un-risque-meconnu/#more-8445

Social

Alors qu’il est annoncé entre 800 000 et 1 million de chômeurs supplémentaires d’ici décembre 2020, le gouvernement persiste à appliquer sa politique de réduction des droits des chômeurs-euses. Le durcissement des conditions d’ouverture de droits et de rechargement va continuer à exclure des dizaines de milliers de personnes de l’allocation chômage. Et l’application du 2ème volet de la réforme au 1er janvier va entraîner une baisse moyenne des allocations de 22% ! Le 5 décembre, ce sera une journée de manifestation nationale contre le chômage et la précarité. https://www.agirensemblecontrelechomage.org/spip.php?article2531

Féminisme

Le 23 novembre, nous marcherons contre toutes les violences sexistes et sexuelles !

Ce que nous voulons, c’est crier. Et dans ce cri, il y aura les cris des 94.000 femmes violées et les pleurs des 225.000 femmes victimes de violences conjugales chaque année en France. Et bien pire encore : au centre de ce cri, il y aura le son assourdissant du silence des 127 femmes déjà tuées en 2019, victimes de féminicides, et celui de toutes les femmes que les violences masculines ont détruites ou poussées au suicide. https://osezlefeminisme.fr/appel-23nov-touteslesviolences/

Écologie

Si le monde ultra connecté promis par la 5G suscite un débat intense et si les doutes sur ses dangers sanitaires appellent des études approfondies, la réalité de son coût énergétique mérite, selon l’auteur de cette tribune, une analyse détaillée. https://reporterre.net/La-5G-un-gouffre-energetique-programme

L'humeur du jour