- Édito : Le gouvernement et les parlementaires ne peuvent pas être sourds à cette mobilisation puissante
- Mobilisation retraite : La retraite ou la vie !
- Orange : Négociation Salariale
- Orange : les suicides au travail ne sont pas des statistiques
- Orange : En route pour la casse
- Féminisme : Toujours plus de raisons de se battre pour les salaires et les retraites
- Antinucléaire : « Malfaiteurs » de Bure : une relaxe quasi générale en appel
- International :États-Unis : luttes et développement du syndicalisme (Amazon, Starbucks...
- Des chiffres et des mots : 29 % des terres cultivées sur la planète
|
Édito : Le gouvernement et les parlementaires ne peuvent pas être sourds à cette mobilisation puissante
Avec près de 2 millions de manifestants, ce 7 février a confirmé, s’il était encore nécessaire, la très forte détermination à refuser le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement.
Depuis le 19 janvier, des millions de travailleurs et travailleuses, du public comme du privé, jeunes et retraité.e.s, de plus en plus exaspérés de ne pas être entendus par le Gouvernement, se sont mobilisé.e.s, par la grève et/ou ont manifesté sur l’ensemble du territoire. La population soutient plus que jamais la totalité des organisations syndicales professionnelles et de jeunesse qui s’oppose au recul de l’âge légal de départ à 64 ans et à l’allongement de la durée de cotisations.
Plus de 9 travailleurs sur 10 rejettent la réforme, plus des 2/3 de la population soutiennent les mobilisations. De nombreux experts se font entendre pour dénoncer l’injustice et la brutalité de cette réforme. Ils pointent des éléments justificatifs insuffisants, peu quantifiés voire erronés. Une démocratie qui fonctionne se doit d’être à l’écoute de la position largement majoritaire de la population qui s’oppose à cette réforme.
Face à un gouvernement toujours sourd, alors que l’examen du projet de loi a débuté hier à l’Assemblée nationale, les parlementaires doivent prendre leurs responsabilités en rejetant ce projet de loi. L’intersyndicale appelle toute la population à manifester encore plus massivement le samedi 11 février sur l’ensemble du territoire pour dire non à cette réforme. D’ici là, elle invite à interpeler les députés et sénateurs et à multiplier les actions, initiatives, réunions ou assemblées générales partout sur le territoire, dans les entreprises et services, dans les lieux d’étude, y compris par la grève.
L’exécutif portera l’entière responsabilité des suites de ce mouvement social inédit par son ampleur et désormais ancré dans le paysage social.
Le gouvernement doit retirer son projet sans attendre la fin du processus parlementaire.
Vous trouverez ci-joint, en pdf, une analyse réalisée par le comité de mobilisation de la direction générale de l’INSEE soutenu par les sections SUD, CGT, FO, CFDT
- Analyse réforme retraite par le comité de mobilisation de la direction générale de l’Insee, soutenu par les sections SUD, CGT, FO, CFDT
Mobilisation retraite : La retraite ou la vie !
Il y a plusieurs manières de réduire et partager le temps de travail. Dans la semaine (48H, 40H, 39H, 35H, 32H ?, 28H etc…), dans l’année (3 semaines de congés payés, 4 semaines, 5 semaines, 6 semaines ?, 7 semaines ? etc…) et dans la carrière. Pour cette dernière, ce sont les durées de cotisation et l’âge de départ qui les déterminent.
À la Libération, en 1945, le Conseil National de la Résistance, essentiellement composé des gaullistes et des communistes, accouche d’un compromis historique. La Sécurité Sociale. Autrement dit le principe des caisses, qui permettent d’assurer et de financer, par la redistribution des richesses produites par le travail, alimentées par le patronat et gérées paritairement par les syndicats et le patronat, le chômage, la maladie, le handicap, la formation et la vieillesse, c’est-à-dire la retraite. Nait alors le régime général des retraites, augmenté dès 1947/1948 par un régime pour les non-salarié.es, puis par la création de régimes complémentaires via l’AGIRC (et l’ARRCO en 1961).
On sort alors d’un siècle de paternalisme patronal ou de retraites par capitalisation, où il fallait économiser avec ses maigres salaires pour avoir le droit de ne plus travailler. La retraite par répartition s’avère une « révolution » : le patron nous paie pour que nous payions la retraite des pensionné.es. Une forme de contribution obligatoire. Non pas une « charge », mais bien une cotisation. Le patron ne concède plus, il s’exécute.
En 1945, le grand patronat, en partie discrédité par sa participation à la Collaboration avec l’occupant nazi, n’a qu’à bien se tenir. Il ne lui faudra pas longtemps pour crier à la faillite, alors que cette 1ère « réforme » des retraites fixait l’âge de départ à 65 ans. Définitivement, faisons-les taire ! Moralité, l’histoire du droit du travail, des luttes ouvrières et des coalitions politiques sociales est l’histoire de la réduction du temps de travail !
En 1971, la loi Boulin allonge la durée des trimestres minimale de 30 ans à 37, 5 ans et impose le calcul des pensions sur les 10 meilleures années de salaires (au lieu des derniers mois), sauf pour les fonctionnaires. Toutefois, l’Allocation de Vieillesse des Mères au Foyer (AVMF), prenait pour la 1ère fois en compte le temps à élever les enfants. Notons que cette loi cantonnait le rôle de parent au foyer aux femmes, les hommes n’y étant visiblement pas dévolus…
En 1982, la gauche unie descendait l’âge de départ en retraite à 60 ans après 37,5 années de cotisations. En plein néo-libéralisme anglo-américain, la mesure fut décriée comme plaçant la France en position de banqueroute. Cela n’empêchera ni l’enrichissement et l’exploitation bourgeoise, ni une nouvelle « libération » pour des millions de travailleur.euses. Cela sera la dernière avancée sociale sur les retraites…
Depuis, les gouvernements convertis au néo-libéralisme n’auront de cesse de mettre des coups de boutoir à cet acquis. Fillon en 2003 (40 à 42 ans de cotiz), Sarkozy en 2010 (60 à 62 ans âge de départ), Hollande en 2013 (42 ans à 42 et 9 mois de cotiz), Macron en 2019 (calcul des pensions sur l’ensemble de la carrière et non plus les « meilleures années, repoussée par la grève et Covid), jusqu’à celle que nous affrontons en 2023.
Depuis 20 ans, la bourgeoisie rogne sur nos droits de vivre sans emploi. Selon l’INSEE, en France, en 2018, tous sexes confondus, l’espérance de vie est de 82 ans (85% pour les femmes et 79% pour les hommes). On pourrait détailler selon les catégories socioculturelles mais peu importe. On vit donc en moyenne 20 ans après la quille. Macron veut nous retirer 2 ans de vie après le travail salarié. Chiffre qui s’aggravera en travaillant plus longtemps.
Alors défendons nos droits de vivre sans patron ou direction ! Le sujet « retraite » concentre nos revendications sur les augmentations de salaire, la fiscalité des entreprises, le partage du temps de travail et ses conditions d’exercice. C’est la mère des batailles !
Grévons, manifestons, gagnons de nouveaux droits ! C’est le sens de l’histoire du mouvement social !
Orange : Négociation Salariale
À l’heure du démarrage de la négociation salariale 2023, les éléments de langage de la Direction soutenant la soi-disant exemplarité de ses mesures 2022 – pour mémoire 3% en budget global - se sont fracassés contre le mur de la réalité. En effet, après une inflation de 2,8% en 2021 pour un budget global de 1,8%, l’inflation en 2022 s’est élevée à 5,9% (source INSEE) pour un budget de 3%.
Dans ce cadre inflationniste, en 2021 comme en 2022, les augmentations de salaires garanties par Orange ont été indécentes et ont conduit à une perte de pouvoir d’achat pour la très grande majorité des salariés. 2023 s’annonce d’ores et déjà sous de mauvais augures : l’inflation prévisionnelle selon la Banque de France devrait s’élever à 6%. Sur la reconnaissance et la promotion, le bilan est tout aussi famélique :
- seulement 5% des salariés avec un changement de bande,
- seulement 182 femmes promues au titre du budget spécifique d’évolution professionnelle des femmes
- et toujours 18 385 soit 30% de l’effectif salarié non promus depuis plus de 10 ans !
Orange continue de pratiquer une politique salariale inégalitaire qui accroit les écarts au profit du top management de l’entreprise, des leaders, des exécutifs ou des bénéficiaires de hauts salaires planqués dans le métaverse de HARP. Les richesses d’Orange ruissèlent de plus en plus vers le Orange d’en haut, pendant que le Orange d’en bas a du mal à boucler ses fins de mois. L’autre réalité est qu’Orange va à nouveau distribuer 1,9 milliard d’euros de dividendes aux actionnaires, soit 17 fois le budget des mesures salariales 2022 et 2,4 fois le résultat net groupe en 2021 !
À nouveau, la démonstration est faite jusqu’à la caricature que les augmentations de salaire sont la variable d’ajustement de la promesse de maintenir les dividendes aux actionnaires d’une année sur l’autre quels que soient les résultats.
Il est grand temps que la direction change son approche et marque une rupture avec une politique salariale d’austérité pratiquée depuis l’accord salarial signé à l’unanimité en 2019, qui enrichit les prédateurs que sont les actionnaires en appauvrissant l’entreprise et surtout la très grande majorité de ses salariés.
Dans notre revendication nous dissocions 3 axes : augmentation générale des salaires, RCQ et rattrapage :
- Une mesure d’augmentation collective 2023 (pour tous les salariés hors bande G). Augmentation collective avec effet rétroactif au 1er janvier 2023 sous la forme d’un montant égalitaire fixe de 5000€ brut/an en base temps plein. Cette mesure à montant unique représente un budget de 9% des SGB moyens.
- Une mesure d’augmentation individuelle liée à la reconnaissance des compétences et des qualifications 2023, serait-elle la première année marquant la fin de la RCQ et la disparition des augmentations de 2 et 4% garantis.
- Des dispositifs spécifiques pour certaines catégories de salariés (rééquilibrage individuel)
- Un rattrapage salarial pour les bas salaires plus exposés aux effets de l’inflation. Une réduction importante du nombre de non-promus depuis plus de 10 ans. Un budget ambitieux sur l’Égalité Professionnelle F/H, utilisé majoritairement pour faire des promotions avec changement de grade ou de bande.
- Le rétablissement d’un budget de traitement des situations individuelles particulières et de correction des écarts salariaux hors égalité professionnelle (pour tous)
- Un budget de promotion des fonctionnaires au titre de la consolidation des indices issus des accords sociaux et des accords salariaux (1990, 1997, 2013, 2014)
- La demande d’ouverture d’une négociation spécifique sur la vie chère et les conséquences de la progression de l’inflation dans les DROM
- Une clause de revoyure en septembre afin d’analyser l’évolution de l’inflation vs mesures salariales 2023 et négocier des mesures correctrices.
NB : plusieurs budgets sont à sortir de la pure négociation salariale NAO ; ils doivent arriver en sus (mobilité/DG14, astreinte, frais professionnels, réévaluation du remboursement des frais liés au télétravail…)
Un pognon de dingue pour le top management et les actionnaires. Pour en savoir plus avec SUD cliquer ici
La promotion bradée par Orange. Pour en savoir plus avec SUD cliquer ici
Orange : les suicides au travail ne sont pas des statistiques.
Jean-Lou était chargé d’affaire à Troyes. Il produisait des études pour les futurs chantiers de raccordement du réseau. Il s’est suicidé chez lui, le 5 juin 2022, pendant un arrêt de travail conseillé par le médecin du travail, alerté par sa hiérarchie. Le suicide a été reconnu en accident de service.
La lettre de sa veuve était explicite sur le lien entre son travail et son geste fatal. La CSSCT a commandité une expertise auprès de Technologia, reprise dans un document d’Orange présenté en CPRPPST, une instance nationale sur la santé au travail, le 10 janvier 2023. La lecture de l’enquête Technologia met en visibilité la conjonction de plusieurs facteurs de risques psycho sociaux, liés directement aux projets de transformation d’Orange et leur conjonction : les départs en TPS non remplacés, les nouvelles modalités de recours à la sous-traitance (RC Centric), la reconnaissance des compétences et des qualifications, ARCQ, formalisée dans l’accord ARCQ que les signataires eux-mêmes n’ont pas voulu proroger. Cela se traduit, dans l’équipe de Jean-Lou, par des arrêts de travail pour la moitié de l’équipe en 2022, dont certains de plusieurs semaines. Avec les départs en TPS, ces absences aggravent un peu plus la charge de travail de ceux qui restent. Un cercle vicieux !
Le nouveau sous-traitant, Constructel qui a remplacé Scopelec a besoin de temps pour trouver ses marques, et cela accentue les sollicitations de l’équipe interne. Si RC Centric prévoit de limiter à 4 le niveau de sous-traitance - tout en exigeant plus pour moins cher - la tendance est alors de recourir plus directement aux auto-entrepreneurs ou entreprises familiales, souvent moins formées. Le résultat, 2 décès de jeunes sous-traitants par électrocution en 2022. L’enquête Technologia insiste sur la charge mentale et cognitive du métier de chargé d’affaires, dû à la complexité du métier, et sur sa non-reconnaissance sur la grille de classification. Elle préconise un recrutement en D, et passage en statut cadre au bout d’un an.
Avec un tel constat, on peut s’attendre à des préconisations en matière de prévention primaire, avec un moratoire sur les réorganisations et la sous-traitance, des recrutements en externe … Que nenni. Le gros cabinet Technologia ne va pas contrarier Orange, et surfe sur la prévention de l’épuisement professionnel, par détection des personnes à risque et activation des dispositifs médecin du travail, service social du travail, préventeur, IAPR…Une prévention tertiaire, individualisante et inefficace. Vient ensuite la formation des managers à la répartition de la charge de travail. Comble d’hypocrisie « le renforcement de la prévention primaire sur l’épuisement professionnel et les transformations ».
Quelle prévention primaire ? À quel moment et avec qui Orange s’interrogera sur les conséquences de ses projets, sur la santé des collègues ?
On arrête un chantier au 1er mort…sauf chez Orange.
Orange : En route pour la casse
Orange a fait l’acquisition depuis plus d’un an dans sa flotte de voitures de véhicules hybrides Renault équipés d’une double motorisation, l’une thermique et l’autre électrique. Malgré les dysfonctionnements du logiciel des véhicules, connus de l’entreprise, dénoncés par des représentants syndicaux suite à des incidents matériels, aucune mesure préventive digne de ce nom n’est prise par l’entreprise.
Les faits : 6 incidents survenus sur la région Sud-Ouest sont portés, au printemps 2022, à la connaissance de la direction par les organisations syndicales. Ces incidents ont été générés par un phénomène de désaccouplement déclenchant la mise en roue libre du véhicule concerné, et l’arrêt de toute motorisation. Considérant que, dans ce cas de figure, la personne au volant garde la maitrise de la direction et du freinage, Orange et Renault répondent en chœur que la sécurité totale des conducteurs est assurée et protège des risques d’inflammation ! Belle fuite de l’exercice de responsabilités !
Il suffit de s’imaginer soi-même confronté(e) à ce type d’incident pour imaginer le stress subi et les multiples cas de mise en danger possibles ! Or Orange refuse ce genre de projection et de réflexion. Si, dans cette situation-là, une circulation sur la voie de droite produit de l’inconfort et des risques, la circulation sur les autres voies, quel que soit le type de route empruntée, expose les conducteurs à un danger important pouvant gravement porter atteinte à la santé des conducteurs. L’étude externe exigée par les représentants du personnel sera présentée en février. Elle démontre d’ores et déjà que la fréquence des désaccouplements sur les véhicules est élevée. Ses auteurs rappellent qu’une panne n’a rien d’un fonctionnement normal de véhicule.
SUD demande à l’ensemble des salariés de ne plus utiliser ce type de véhicule tant que sa mise à niveau logicielle n’est pas attestée. Cette mise à niveau ne supprimera pas totalement le risque mais réduira les dysfonctionnements logiciels en limitant les fausses détections d’incidents.
SUD rappelle qu’il est de la responsabilité intégrale de l’employeur de piloter les mises à niveau logicielles, et non pas celle salariés de s’organiser pour le faire.
SUD s’oppose avec force et constance à l’immobilisme d’Orange face à la mise en danger des salariés
SUD exige la mise à niveau immédiate de l’ensemble des véhicules concernés avant toute nouvelle utilisation et l’information précise de tout utilisateur de voitures de ce type
En savoir plus avec SUD : cliquez ici
Féminisme : Toujours plus de raisons de se battre pour les salaires et les retraites
Lundi 23 janvier, le ministre Franck Riester a avoué dans une interview donnée sur LCP que les femmes seraient « évidemment un peu pénalisées » par le report de l’âge légal de départ à la retraite. « Ceux qui ont moins travaillé » sont souvent les femmes et minorités de genre. Elles sont plus susceptibles d’avoir des carrières hachées, discontinues, notamment pour s’occuper d’enfants ou d’adultes dépendants. Elles représentent en outre 80 % des employéEs à temps partiel, et plus de 60 % des personnes qui touchent le Smic. Même quand elles ont travaillé à temps plein, c’est en percevant des salaires 16 % moindre que ceux des hommes, ce qui se traduit inévitablement par des pensions de retraite plus petites (40 % en moyenne). Depuis la présentation de son projet de réforme des retraites, le gouvernement continue de marteler qu’il serait très bénéfique pour les femmes. Un argumentaire balayé point par point par Sophie Binet, dirigeante confédérale de la CGT et pilote du collectif Femmes-Mixité au sein de la confédération.
En savoir plus : cliquez ici
Antinucléaire : « Malfaiteurs » de Bure : une relaxe quasi générale en appel
Les juges ont relaxé 4 des 7 militants antinucléaires de Bure (Meuse), poursuivis depuis 2018 pour participation à une manifestation. Une décision qui tranche avec les énormes moyens débloqués par l’État dans cette procédure.
En savoir plus avec Reporterre : cliquez ici
Des chiffres et des mots : 29 % des terres cultivées sur la planète
Si la tendance actuelle se poursuit, ces 29% serviront à nourrir directement les humains d’ici 2030. La hausse récente du prix du pétrole donne des ailes à l’usage croissant de terres cultivées à d’autres fins que celle de nourrir des populations, notamment pour produire des biocarburants.
En savoir plus avec Le Devoir : [cliquez ici->https://www.ledevoir.com/environnement/778412/energie-moins-pour-l-assiette-plus-pour-l-auto |