Newsletter janvier 2025
2025 commence et les postier·es vont une nouvelle fois être confronté·es à des attaques de la direction. La stratégie de l’entreprise ne changera pas et risque même d’accentuer les pressions à tous les étages de La Poste, quels que soient les métiers.
En ce début d’année, une pensée pour nos collègues Mahorais·es qui subissent le cyclone Chido et ses conséquences. Si aucun·e postier·e n’a été gravement blessé, les bureaux de postes sont touchés, donc un entièrement détruit, comme la plupart des habitations. Si La Poste a mis en place quelques mesures envers les Mahorais·es, elles ne sont pas suffisantes. Nous avons porté des revendications fortes : maintien du salaire sans limite de temps, prêts non remboursables…. La volonté de l’employeur de maintenir le service public ne peut se faire au détriment de la santé et des conditions de travail de nos collègues. Pour les populations, nous avons interpellé le ministre de l’économie, ex administrateur de La poste Eric Lombard pour la mise en œuvre de prêts à taux zéro et le rétablissement de la péréquation tarifaire avec la métropole pour les colis.
Le culte malsain du NPS (Net Promoteur Score)
La présentation du NPS fait état dans la plupart des métiers d’une progression. Au courrier, au colis ou dans les bureaux de Poste, les résultats sont au-dessus des objectifs de l’entreprise, sauf pour La Banque Postale. Tous ces chiffres se basent sur des questionnaires soit par mail ou par SMS.
Deux enseignements : Quand le NPS augmente, cela se fait toujours au détriment de la santé des postier·es : principalement en leur demandant une hausse de la productivité. Quand il baisse, c’est la conséquence de la suppression d’effectifs. Sur les Centres Financiers, le manque de personnel, une centaine d’emplois vacants selon la boite, amène une dégradation des conditions de travail et de la qualité de service rendue aux clients.
Le culte du NPS et de la notation à tout prix est assez malsain, en plus d’être infantilisant. Il est totalement subjectif et correspond à un instant T. On peut bien avoir fait son travail, mais voir une mauvaise note peut donc tomber comme une sanction et pour des raisons indépendantes du/de la postier·e. Les directions ont tendance à indexer les primes variables sur ce NPS. Vu la croissance de ces dernières au détriment de la rémunération fixe, on imagine vite les conséquences sur nos rémunérations (comme c’est déjà le cas sur l’intéressement).
2025 une année charnière
2025 va voir de grands changements dans le groupe.
Une refonte probable des missions de service public
Depuis plusieurs années, la direction de La Poste opère un lobby forcené auprès de l’État pour revoir les missions de services publics, soutenu par le premier actionnaire, la CDC. Leurs compensations sont largement en dessous de leur coût véritable. (Ce qui a pour conséquence de faire peser plus du tiers dans la dette de La Poste). Nos patrons s’appuient donc sur cette sous-compensation pour demander leur révision. Cela pourrait mener à la fois à un nouvel allongement de la distribution de certains courriers (comme ça a déjà été le cas avec la disparition du J+1), la fermeture massive de bureaux de poste et la contribution par les communes au maintien de certains bureaux.
Or depuis des années, ce sont d’une part les postier·es par la dégradation de leurs conditions de travail et la stagnation de leur salaire, mais aussi la population, par la fermeture des bureaux et la baisse du service public postal qui font les frais de cette sous-compensation.
Pour nous, les solutions sont simples :
Pour le service public de la presse : la mise en place d’un fonds alimenté par les gros éditeurs de presse
Pour le service public postal : la compensation intégrale par l’État à l’euro près.
Pour l’accessibilité bancaire : la mise en place d’un fonds alimenté par l’ensemble des banques servant à compenser la diffusion du livret A et le service bancaire de base.
Une proposition de loi de mai 2024 propose par ailleurs la compensation de tous les déficits du service public postal par une taxe sur le tabac. Elle a pour défaut de laisser les vrais responsables du déficit presse profiter d’un système qui les a toujours avantagés et du bancaire à continuer de rejeter les clients "défavorisés".
Des changements dans la banque et au Réseau
Le remplacement de Philippe Heim par Stéphane Dedeyan a entrainé des changements assez rapides dans la banque, avec, par exemple, la fermeture de la French Bank et le licenciement de personnels avec possibilité de reclassement dans les services financiers de La Poste. Mais c’est aussi la refonte de la banque de détail qui préoccupe les instances dirigeantes de La Banque Postale avec une remise en cause du schéma actuel. Celui-ci devrait occasionner une explosion des portefeuilles dans le Réseau. Pour les conseiller·es bancaires, iels devront assurer des permanences téléphoniques. CE sera également la fin des compétences dans les Centres financiers. L’objectif serait donc de réduire la voilure en orientant de plus en plus en bureau les conseiller·es vers les clientèles « à valeurs ajoutées », et reléguant les autres vers le guichet ou le digital, tout en les écartant le plus possible des contacts par téléphone.
La livraison hors domicile en ligne de mire pour le colis.
Que cela soit pour l’express ou colissimo, la direction souhaite augmenter les livraisons de colis hors domicile*. Ironie de l’histoire, alors qu’elle voulait, il y a quelques années, sortir le plus possible les colis des bureaux de poste (et donc les client·es et usager·es), ces derniers redeviennent viables comme simple point de livraison. Ils sont surtout pour la boite l’occasion d’essayer d’orienter les client·es vers d’autres recettes : La Poste Mobile (récemment vendu à Bouygues) et les produits financiers.
Dans l’express, on peut estimer un accroissement des volumes de 25 % en 2024 et les objectifs risquent d’être du même ordre dans les années qui viennent, voire augmenter encore plus vite.
C’est aussi un moyen pour la direction de sabrer dans les effectifs et de diminuer également la sous-traitance en laissant sur le carreau des centaines de travailleur·euses. Il ne s’agit pas de capter de nouveaux marchés, mais de transformer totalement le modèle de livraison de colis surfant sur la mode de décarbonation de l’entreprise.
*Livraison dans l’ensemble des points relais (bureaux de poste, pick-up, commerçants…)
Des changements à la tête de l’entreprise
C’est un secret de polichinelle, la presse s’en faisant les choux gras depuis quelques mois, Philippe Wahl quittera ses fonctions en uin 2025Avec l’arrivée d’Éric Lombard ancien patron de la CDC au ministère de l’Économie, tout cela pourrait être remis en cause. Concernant le nouveau ministre, on peut se demander quelle sera son attitude sur le dossier des missions de service public, car il était un ardent défenseur de leur compensation intégrale. L’avenir nous dira s’il change son fusil d’épaule passant de l’autre côté de la barrière.